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LE TELESCAPHE DE CALLELONGUE
Galéjade ou réalité?

S'il n'existait pas des photographies, des films d'archive ou des cartes postales traitant de cette étrange invention, nous serions tentés de croire qu'il s'agit, une fois de plus, d'une de ces histoires marseillaises telle la sardine ayant bouché le Vieux-Port ou la panthère noire se nichant dans les collines de Luminy.



La calanque de CallelonguePanneau d'informations à l'entrée de CallelongueAlors, pour lever les derniers doutes, (internet et même les ordinateurs personnels n'existaient pas encore) nous sommes partis à la recherche d'un témoin "digne de foi", un observateur direct donc en évitant ceux même qui prétendaient avoir connu quelqu'un qui connaissait une personne qui dans l'entourage avait entendu que...
Le hasard a voulu que nous trouvions cette personne à l'endroit même où avait sévit cette machine extraordinaire, un vieux pêcheur.
Voici son témoignage, en version originale et imagée. Certains passages de son exposé, pouvant s'avérer nébuleux pour des "estrangiés" ont toutefois été traduits en langage courant et actuel.

Première de la succession des grandes calanques qui vont de Marseille a Cassis, Callelongue se situe aux confins de la cité phocéenne, "au bout du monde", pour les marseillais. L'ancien facteur des lieux racontait que les nombreux touristes qui pensaient rejoindre Cassis par cette route ont donné le nom à cette impasse: l'avenue des pébrons (imbéciles en provençal).

Des roues bien mystérieuses...Lieu de départ de très nombreux randonneurs, Callelongue abrite un joli petit port idéalement placé, à quelques encablures des îles composant l'archipel de Riou.

A l'entrée de la calanque, en contrebas d'un parking, on peut apercevoir encore aujourd'hui d'étranges roues rouillées, usées par l'eau de mer et le ressac: il s'agit des vestiges d'une invention unique en son genre, fruit de l'ingéniosité et l'audace de deux hommes, James Couttet et Denis Creissels: le télescaphe. Donnons à présent la parole au vieux pêcheur: "Au milieu des années 60, deux estrangiés de la montagne ont eu l'idée de construire un téléphérique pour aller au fond de l'eau. Ils sont venus ici, à Callelongue car le coin y était cafi de poissons!" [parce que la contrée regorgeait de poissons]

Les cabines étaient effectivement assez exigües et déconseillées aux claustrophobes. Pour les tests effectués en 1967, des cabines 2 places étaient utilisées.Une brochure publicitaire du télescaphe"Dès l'année 1967, on pouvait, pour 12 francs (soit 14,88 € corrigés de l’inflation observée entre 1967 et aujourd'hui) descendre à 10 mètres sous l'eau. Je peux te dire qu'on était un moulon à vouloir le faire! Et il fallait faire la queue en plein cagnard! "[La demande était forte, et il fallait patienter au sein d'une file d'attente, et ce, sous un soleil écrasant]. "On pouvait monter à six dans l'une des quatre cabines et s'il y avait des bestiasses parmi nous, on était un peu esquiché." [si des personnes de forte corpulence prenaient place parmi nous, l'espace vital de chacun s'en trouvait considérablement altéré.]

"La cabine se soulevait comme une cloche à fromage, comme ça on pouvait s'installer sans trop se fatiguer. Chaque cabine pesait 3 tonnes.
Pour faire un parcours de 500 mètres sous l'eau, on mettait 10 minutes à peu près. "En une heure, une soixantaine de personnes pouvaient profiter de la vue sous-marine.
 Un homme grenouille surveillant une cabine du télescapheBaptème de télescapheOn était de longue surveillé par des hommes grenouille, ce qui fait qu'on pouvait pas se néguer." [Nous étions continuellement surveillés par des hommes grenouille, et de ce fait, toute possibilité de noyade était réduite à la portion congrue.]

"Et ça marchait même la nuit!" "Et quand c'était fini, ils nous remettaient une carte de baptème de plongée. On était fier comme un bar tabac. [On était fier comme Artaban]
Seulement, l'année suivante, en 1968, par manque d'argent et de soutien, ils ont dû fermer boutique. C'est vrai que ça demandait beaucoup d'entretien. On dit même qu'il y a eu un incident qui a un peu mouillé les passagers et douché l'enthousiasme des futurs volontaires.
On a quand même été à peu près 31 000 à être montés dans le télescaphe!
Ca leur avait couté plus de 2 000 000 francs cette histoire! Et pourtant, ils avaient d'autres projets, comme ce téléphérique vers le sommet de l'ile Maire, juste en face, peuchère!"

Le télescaphe devant un cadre grandiose!

Un baptème de plongée en télescaphe figurant derrière la carte postale ci-contre.

C'est à la nuit tombante que nous avons salué le vieux pêcheur, convaincus que le télescaphe avait bel et bien existé. 
Nous avions 14 ou 15 ans. En rentrant, les infos annonçaient la démission de Richard Nixon...

 

 

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